Tout savoir sur la turbo succion de la végétation
Mise à jour du 16/06/2025
La turbo succion de la végétation est-elle responsable des fissures sur votre maison ?
Parmi les causes évoquées lors des expertises en cas de fissures ou de mouvements de terrain, un terme revient régulièrement dans les échanges entre experts d’assurances et experts d’assurés : la turbo succion de la végétation.
Derrière cette expression peu académique se cache un phénomène observé sur le terrain : la capacité de certaines plantes, notamment les arbres, à puiser intensément l’eau contenue dans les sols, contribuant ainsi à leur dessèchement.
S’il ne s’agit a priori pas d’un concept reconnu officiellement par la botanique ou l’agronomie, la notion de turbo succion soulève néanmoins des débats d'importance dans le cadre de l’expertise technique et géotechnique après un sinistre.
Peut-on attribuer l’apparition d’un sinistre à cette action des racines ? Et si oui, dans quelle mesure ce phénomène l’emporte-t-il sur l’effet d’une sécheresse exceptionnelle ? Ces questions sont importantes, notamment pour accorder ou non une indemnisation dans le cadre d’un sinistre reconnu au titre du régime des catastrophes naturelles.
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Les mécanismes de transpiration des arbres et de succion racinaire
Les arbres mobilisent des mécanismes physiques et biologiques sophistiqués pour assurer le transport de l’eau depuis les racines jusqu’aux feuilles. Ce processus repose sur une combinaison entre l’absorption active par les racines et la transpiration passive par les feuilles. Le tout est orchestré par des structures cellulaires spécialisées.
La transpiration se déroule principalement au niveau de minuscules ouvertures situées sur la face inférieure des feuilles : les stomates (ou ostioles). Leur ouverture et fermeture sont contrôlées par la turgescence, c’est-à-dire la pression interne, des cellules de garde, qui encadrent chaque stomate. En présence de lumière ou lorsque la plante est bien hydratée, ces cellules se gorgent d’eau, deviennent turgescentes, s’incurvent et ouvrent le stomate. En revanche, en cas de déficit hydrique, elles se dégonflent, se relâchent et referment l’orifice pour limiter la perte d’eau.
La transpiration est influencée par plusieurs facteurs environnementaux :
- l’intensité lumineuse,
- la disponibilité en eau dans le sol,
- la concentration de CO₂,
- la température et l’humidité de l’air.
Ce phénomène joue un rôle clé dans le transport de la sève brute. D’une part, la transpiration foliaire agit comme un moteur en créant une force de succion qui attire l’eau vers le haut. D’autre part, la succion racinaire représente le point d’ancrage du système, assurant l’absorption continue de l’eau du sol.
En plus de sa fonction de transport, la transpiration permet de refroidir les feuilles grâce à l’évaporation de plusieurs litres d’eau par jour. Un chêne adulte, par exemple, pourrait transpirer jusqu’à 1000 litres quotidiennement, ce qui permettrait d’abaisser la température de ses feuilles de 2 à 8 °C. Toutefois, ce mécanisme est modulé par l’humidité de l’air ambiant : en période de sécheresse, les stomates se referment partiellement ou totalement afin de préserver l’eau.
Le concept de "turbo succion" et le retrait-gonflement des sols argileux (RGA)
Le terme "turbo succion" désigne une absorption d’eau particulièrement intense par la végétation, en particulier par les arbres, en période de sécheresse. Ce phénomène est régulièrement évoqué dans le cadre des sinistres liés au retrait-gonflement des sols argileux (RGA).
Les sols argileux présentent une particularité : ils se contractent lorsqu’ils sèchent (retrait) et gonflent lorsqu’ils se réhydratent. Ces variations volumétriques provoquent des mouvements différentiels du sol, pouvant engendrer des dommages structurels aux bâtiments : fissures sur les murs porteurs ou les fondations, affaissements du terrain, désordres de stabilité, etc.
Lorsqu’un arbre à proximité d’une construction développe un système racinaire profond, il peut accentuer ce phénomène. En période sèche, ses racines peuvent puiser l’eau du sol de façon plus agressive, en renforçant localement le dessèchement des sols proches de l’ouvrage ou sous ce dernier. Ce mécanisme, qualifié de turbo succion, est désormais considéré par de nombreux spécialistes comme un facteur important à prendre en compte, tant dans la prévention des sinistres que dans la réparation des ouvrages endommagés.
Cependant, tous les experts en après sinistre ne s’accordent pas sur l’impact de la végétation sur le bâtiment. Si certains estiment que la turbo succion peut jouer un rôle déterminant dans l’apparition de fissures, d’autres la considèrent comme un facteur contributif, mais secondaire par rapport aux causes naturelles principales, telles que la sécheresse.
Les sinistres liés à la sécheresse et au RGA sont souvent complexes à analyser. Pour déterminer si les désordres observés sur votre bien sont dus à un phénomène naturel exceptionnel, à l’action de la végétation ou à d’autres facteurs, une expertise bâtiment privée est vivement recommandée. Contactez-nous
Pour aller plus loin : Des arbres trop proches peuvent-ils provoquer des fissures sur les maisons ?