Fissures et catastrophe naturelle : la sécheresse est-elle seule responsable ?
Mise à jour du 06/06/2025
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La sécheresse est-elle à l’origine des dommages sur votre maison ?
Les sinistres liés à la sécheresse occupent régulièrement le devant de la scène médiatique. En période de forte chaleur, l’absence de pluie provoque la rétraction des sols. Puis, avec le retour de l’humidité, ces mêmes sols, surtout certains types de sols argileux, gonflent. Ces mouvements de terrain, appelés "retrait-gonflement des argiles", sont une véritable source d’inquiétude pour les propriétaires situés en zone à risque.
Les maisons individuelles y sont particulièrement vulnérables, notamment celles construites sur des fondations peu profondes. C’est aussi le cas des maisons réalisées sans étude de sol préalable, une pratique courante avant 2020. Avant cette date correspondant à l’entrée en vigueur de la loi Élan, la réalisation d'une étude de sol dépendait surtout de la vigilance du constructeur ou du maître d'ouvrage. Résultat : il arrive que des fissures structurelles apparaissent sur les murs, fragilisant parfois l’ensemble du bâti.
Face à ces désordres, peut-on réellement accuser la sécheresse seule ? Ou bien faut-il chercher au-delà ? Les experts du bâtiment, confrontés quotidiennement à ce type de pathologies, observent souvent une combinaison de facteurs. Décryptage.
Les fissures ont souvent plusieurs causes
Les fissures apparaissent généralement à la suite de mouvements du sol qui exercent des contraintes sur les fondations des bâtiments. Le phénomène de retrait-gonflement des argiles (RGA) en est une cause fréquente : il entraîne des tassements différentiels, c’est-à-dire des mouvements non uniformes du sol sous l’ouvrage.
Mais d’autres facteurs environnementaux peuvent également contribuer à la formation ou à l’aggravation des fissures. Parmi eux, les experts du bâtiment identifient régulièrement des fuites de canalisations enterrées, la présence d’arbres trop proches du bâtiment (dans la zone d’influence géotechnique) ou encore des pentes qui dirigent les eaux pluviales vers les fondations. Tous ces éléments peuvent modifier localement le volume du sol.
Les causes naturelles ne se limitent pas au RGA. Des phénomènes comme les inondations par remontée de nappe phréatique ou par débordement de cours d’eau ou encore les glissements de terrain exercent eux aussi des pressions sur la structure et peuvent provoquer des désordres.
Par ailleurs, l'affaissement du sol lié à des activités souterraines, notamment l’ancienne exploitation minière, peut également entraîner des fissures. De même, les vibrations causées par un trafic routier intense, des travaux de construction à proximité ou même une activité sismique contribuent à fragiliser les structures.
Les fissures peuvent aussi être liées à des erreurs humaines : défauts de conception, malfaçons ou non-respect des règles de l’art au moment de la construction. Enfin, le vieillissement des matériaux, les décollements d’enduit ou l’absence de joints de dilatation adaptés peuvent générer des contraintes internes qui finissent par se traduire en fissures.
C’est pourquoi il est essentiel de faire appel à un expert en fissures, dont le rôle est d’identifier précisément les causes à l’origine des désordres afin d’établir un diagnostic fiable et de proposer des solutions adaptées.
Avis de l’expert d’assurance : la sécheresse est-elle la cause déterminante ou aggravante des fissures ?
Les enjeux liés à un sinistre déclaré au titre de la catastrophe naturelle sécheresse sont considérables. Les travaux de réparation, notamment lorsqu’ils impliquent une reprise en sous-œuvre (comme la pose de micropieux), peuvent coûter plusieurs dizaines de milliers d’euros, voire dépasser les 150.000 € dans certains cas.
Face à une déclaration de sinistre, la compagnie d’assurance mandate un expert. L’expert d’assurance a pour mission d’évaluer l’ampleur des dommages et d’analyser les causes des désordres constatés.
Pour qu’un sinistre soit pris en charge, il doit remplir plusieurs conditions définies par le Code des assurances. L’une des conditions essentielles est que la sécheresse ait joué un rôle déterminant dans l’apparition des fissures. Autrement dit, elle doit être la cause principale, et non simplement un facteur aggravant.
Dans de nombreux cas, la sécheresse est effectivement la cause principale, notamment lorsque le bâtiment est implanté sur un sol argileux particulièrement sensible aux variations hydriques, et qu’aucune fissure significative n’était présente auparavant.
En revanche, si l’expert conclut que la sécheresse n’est pas la cause déterminante, mais au contraire seulement aggravante, en présence d’autres facteurs (défaut de conception, fuites, végétation, etc.), l’assureur peut refuser l’indemnisation.
Le phénomène RGA représente aujourd’hui la deuxième cause d’indemnisation pour les catastrophes naturelles en France, juste après les inondations, ce qui témoigne de son impact important. Mais chaque sinistre est étudié de façon unique. Pour que le phénomène de retrait-gonflement des argiles (RGA) soit reconnu comme la cause prépondérante de votre sinistre, il convient que l’expert d’assurance le pense.
Si vous êtes en désaccord avec les conclusions de l’expert mandaté par l’assurance, vous avez la possibilité de faire appel à un expert d’assurés pour demander une contre-expertise. Cette démarche est particulièrement recommandée, ne serait ce que pour obtenir un second avis.
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